mercredi 18 mai 2011

La spiritualité marianiste - VII. Tous missionnaires


7.1.  L’expérience personnelle du Père Chaminade

         Pendant une vingtaine d’années, (1771-1791) G. J. Chaminade a été en relation avec le Collège séminaire de Mussidan. C’est là que, sous la direction de son frère Jean-Baptiste, se forma sa spiritualité et son esprit missionnaire. A cette époque, la jeunesse courait le risque d’être contaminée par les philosophes et les libres penseurs  qui n’avaient que mépris pour la foi chrétienne. A Mussidan on mettait l’accent sur l’union avec l’Église de Rome, le respect de l’autorité du pape, la dévotion à la Vierge Marie. L’école devait être une mission permanente à la différence des missions paroissiales  qui ne duraient que quelques jours.  Sous l’influence de M. Olier et de l’Ecole française,  le Père Chaminade comprend que la perfection du chrétien consiste à être « conforme au Christ », envoyé par le Père pour annoncer aux hommes la Bonne Nouvelle du salut. Marie, qui a été associée à tous les mystères de son Fils, continue à collaborer avec lui à la réalisation de la mission que le Père lui a confiée. Le rôle maternel de Marie rejoint ainsi le rôle missionnaire de l’Église.
         Au moment où la Révolution l’a obligé à quitter son cher collège,  réfugié à Bordeaux, dans la clandestinité,  le Père Chaminade travaille surtout avec de jeunes laïcs, dont la foi avait été éprouvée et trempée par la persécution.  Quand il revient de l’exil,  il a en tête un projet d’évangélisation cohérent, dont il est persuadé qu’il lui a été inspiré par l’Esprit Saint. Jusqu’à la fin de sa vie, il s’efforcera de le mettre en pratique.

7.2.  Participer à l’apostolat de l’Église

         Par son baptême et sa confirmation, tout chrétien est appelé à prendre sa part dans l’évangélisation du monde. Le Père Chaminade, muni du titre de missionnaire apostolique,  se sent appelé à une mission qui dépasse le cadre étroit d’une paroisse ou d’un diocèse.  Il se sait investi par le pape d’une mission universelle.
         « Vous êtes tous missionnaires, mandatés par l’Église. Chaque congréganiste, de quelque sexe, de quelqu’âge,  de quelqu’état qu’il soit, doit devenir membre actif de la mission. La Congrégation elle-même doit être une sainte milice qui s’avance au nom de Marie » (EF III 212).
         En fondant les deux Instituts religieux, il poursuit le même but : fournir à la Vierge Marie une armée qui combattrait sous ses ordres. L’éducation et les autres œuvres ne sont que des moyens en vue de la mission. Le religieux, la religieuse, est le missionnaire de Marie et non un simple industriel de l’enseignement (Chaminade, Circulaire p.67) .
          L’Église naissante de Jérusalem a toujours été pour Chaminade un modèle à imiter.  L’évangélisation ne se fait pas seulement par la parole, quelqu’éloquente qu’elle soit ; mais par le témoignage de communautés unies par la charité.  « L’Esprit principal de la Société  est de présenter au monde le spectacle d’un peuple de saints et de prouver qu’aujourd’hui comme dans la primitive Église, l’Évangile peut être pratiqué dans toute la rigueur de l’esprit et de la lettre. ( L II, 388, p. 175). Le pape Paul VI, parlant aux chrétiens africains en Ouganda, reprend la même idée en disant :  « L’Afrique a besoin de témoins plus que de maîtres,  et si elle écoute les maîtres, c’est qu’ils sont en même temps des témoins. »
         Ainsi nous voyons Chaminade avec la première Congrégation, comme avec les premières communautés religieuses,  travailler en pleine pâte de l’Église. Il a su éviter la tentation du repli sur soi. Les Congrégations n’étaient pas des clubs fermés de personnes « bien-pensantes », mais des  équipes d’apôtres dont certains s’engageaient par un vœu de zèle à travailler de toutes leurs forces  à multiplier les chrétiens.

7.3.  La mission marianiste après Vatican II

         Plusieurs priorités pourraient être dégagées pour notre mission en vue du troisième millénaire. Retenons-en trois.

a)    Être communautés et créer des communautés.
Nous devons d’abord prendre conscience que c’est la Famille marianiste dans son ensemble que le père Chaminade a vu à Saragosse comme une inspiration divine. Notre réussite missionnaire tient donc dans le développement harmonieux de toutes les branches  de  la Famille Marianiste. Le charisme marianiste n’est pas réservé à certaines catégories de personnes : il est proposé par l’Esprit Saint à tous les membres des l’Église d’aujourd’hui. En proclamant le P. Chaminade bienheureux, le pape l’a présenté comme modèle à l’Église universelle.
         « Là où deux ou trois sont réunis en mon nom, je suis au milieu d’aux ». C’est dans les communautés, qu’elles soient grandes ou petites,  que le Christ est présent.  Or notre objectif n’est autre que de le rendre présent  dans notre monde déboussolé.  Nous mettrons donc tout en œuvre pour créer autour de  nous  des communautés,  que ce soit en milieu scolaire, paroissial ou autre.
         La Congrégation de Bordeaux pratiquait une méthode par absorption. Chaque membre était chargé  d’en recruter d’autres : la formation des nouveau venus se faisait à l’intérieur du groupe, tant par la contagion de l’exemple,  que par les enseignements donnés. Cette méthode reste valable pour nos Fraternités laïques d’aujourd’hui.  Chaque fraternité doit organiser son renouvellement interne par l’intégration de nouveaux membres.  Les groupes devenus trop nombreux se scindent en deux  comme les cellules vivantes du corps.  Après la formation du catéchuménat,  les catéchumènes devraient trouver dans nos Fraternités  une ambiance favorable à leur épanouissement chrétien.
         Les Fraternités comme les communautés religieuses ne sont pas de groupes en marge de l’Église. Elles doivent se poser la question de leur participation active  à l’effort de l’Église, en tant qu’individus, mais aussi  en tant que groupe.  Les retraites ouvertes organisées par certaines Fraternités, sont un bon exemple de cette collaboration .la lampe n’est pas faite pour être mise sous le boisseau. 

b)   Nous aimons nous dire «  marianistes »
Cela veut dire que notre apostolat est un apostolat marial.
Nous nous savons envoyés par Marie ; nous sommes les missionnaires de Marie.  Nous prenons part à la mission que le Père lui a confiée.
         Notre apostolat sera marial aussi par le fait que nous chercherons à restituer à Marie la place qui lui revient. Faire connaître sa place dans le mystère du salut, en scrutant les textes qui nous parlent d’elle. Place de Marie aussi dans l’Église : n’est-elle pas la mère de l’Église.
         C’est ainsi que notre alliance avec Marie deviendra une réalité vécue, source de notre épanouissement et de notre joie. « Mon âme exalte le Seigneur »…

c)    L’éducation de la foi.
Ce qui nous est spécialement confié dans la mission de l’Église, c’est l’éducation de la foi.  Notre mission n’est pas d’abord la première évangélisation. D’autres groupes et d’autres instituts en ont fait leur spécialité.  Nous nous adressons plutôt à des personnes qui ont déjà accueilli l’Évangile  mais qui ont encore à approfondir leur foi.  Elles ont besoin pour cela d’être accueillis dans des groupes fraternels, où elles rencontrent d’autres chrétiens,  où elles trouvent des réponses à leurs questions, et un encouragement au moment des tentations. Notre participation à la seconde évangélisation se trouve ici.
         Il est donc important pour tout marianiste, laïc ou religieux,  d’avoir une solide formation biblique et théologique afin de pouvoir répondre aux questions qui lui sont posées.
         Étant présents au milieu de cultures  telles qu’elles sont vécues par nos contemporains,  nous avons également à cœur l’évangélisation des cultures.  Il s’agit de porter l’Évangile à l’intérieur des milieux professionnels, dans les familles, dans les quartiers. La culture est déterminée aussi par les lois qu’un pays se donne et par les mass-média. Là aussi nous devons être présents pour  y défendre la solidarité et la justice.
         Tout ce qu’il vous dira, faites-le !  C’est à nous aujourd’hui que ce conseil s’adresse.  Il ne s’agit pas de tout faire, en désordre. Nous devons d’abord être attentifs à ce que le maître veut nous dire aujourd’hui. Devenir dociles aux injonctions de l’Esprit.  Ensuite nous mettre au travail avec la certitude que ce que nous entreprenons n’est pas notre œuvre, mais la mission de Marie, à laquelle nous participons ; avec la certitude, par conséquent, que l’œuvre  que nous entreprenons est celle de Marie et qu’elle ne peut pas échouer.

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