lundi 16 mai 2011

La spiritualité marianiste - VI. Famille, Communauté, Fraternité


6.1. « D’un cœur unanime »

         La plupart des fondateurs d’ordres  ont commencé par fonder un Institut religieux et se sont ensuite associé des laïcs pour les seconder et partager leur spiritualité.
         Chaminade procède autrement. Revenant d’exil en 1800,  avec au cœur un zèle ardent pour l’évangélisation, il crée des associations de jeunes qui seront ses instruments pour Multiplier les chrétiens.  Ce qui l’inspire, c’est l’Église des premiers siècles quand les communautés chrétiennes étaient le lieu de l’approfondissement de la foi (cfr. DM 204)
         L’Église  issue de Vatican II a retrouvé l’importance de la communion ecclésiale. Celle-ci trouve sa source dans la Trinité. C’est un don de Dieu qui nous a été apporté par le Christ et qui continue à se développer par l’Eucharistie. C’est l’Esprit saint, envoyé par le Père et le Fils qui continue aujourd’hui à rassembler et à sanctifier l’Église. Les évêques africains ont précisé cette notion  en présentant l’Église comme la Famille de Dieu. Cette communion ne repose pas sur les aspirations et la volonté des hommes, mais sur la foi qui accueille ce don d’en-haut. C’est dans ce contexte que s’inscrit la Famille Marianiste aujourd’hui.

6.2. Les caractéristiques de la Famille Marianiste

 

a) Une communauté en mission.
         Nous reviendrons plus loin sur la mission. Retenons pour le moment que la Famille marianiste dans toutes ses branches est essentiellement missionnaire. Vous êtes tous missionnaires, disait le père Chaminade à ses disciples.  Pour atteindre son objectif d’évangélisation,  de toutes les couches sociales, Chaminade avait rassemblé dans la première Congrégation de Bordeaux, des personnes d’origine et de formation différentes. La fondation des Instituts religieux a eu pour but de préparer des Assistants spirituels  capables d’animer un ensemble plus vaste et diversifié que nous appelons aujourd’hui Famille Marianiste.
         L’une des raisons principales de la fondation de la Société de Marie et de l’Institut des Filles de Marie a été d’assurer l’existence  et le développement d’une communauté plus vaste. (R 11).
         Voilà l’instrument que Chaminade s’est donné pour réaliser le grand projet  d’évangéliser la France et le monde.

b) Une communauté mariale
         Laïcs et religieux sont invités, chacun à son niveau,  à se consacrer à Marie.  Marie devient la grande inspiratrice de notre communauté. Réunie au nom de Marie et pour sa gloire.
         Notre alliance avec Marie nous rassemble en une famille qui se veut une cellule d’Église, réalisant autant que possible l’idéal de celle-ci. Marie est la figure et l’archétype   de l’Église : en cherchant à lui ressembler, nous pénétrons dans le cœur même de l’Église.

c) Union sans confusion
         La famille marianiste est constituée actuellement de quatre branches. Les Fraternités ou Communautés Laïques Marianistes (CLM), l’Alliance mariale, Les Filles de Marie Immaculée, la Société de Marie.  Rien n’empêche qu’une branche masculine de l’Alliance mariale soit créée à l’avenir.   Chaque branche jouit d’une autonomie interne. Elle peut ainsi élaborer son propre programme d’extension, ses projets d’évangélisation,  sa gestion financière.  Chaque branche vit par conséquent l’esprit de famille  d’une façon qui lui est propre, les laïcs dans des rencontres périodiques,  les religieux et religieuses dans une vie communautaire de tous les instants.  Cette structure comporte un risque réel.  Par le jeu de forces centrifuges, chaque branche pourrait devenir étrangère aux autres. Le défi qui nous est lancé est précisément d’assurer le dialogue et la collaboration, bref,  un authentique esprit de famille  entre les différentes branches. Réalisant ainsi l’idéal de la charité fraternelle de l’évangile.
         Un mot a fait fortune dans la Société de Marie : «  la composition mixte ». L’expression désigne habituellement la présence  de prêtres et de frères dans la même communauté de la Société de Marie.  En réalité, ne devrait-on pas l’appliquer à la famille marianiste dans son ensemble ? Celle-ci se compose d’hommes et de femmes, de prêtres et de religieux, de laïcs, de jeunes et d’adultes,  de riches et de pauvres, d’intellectuels et de manuels, le tout dans un mélange joyeux de races et de cultures.  L’idéal communautaire marianiste trouve alors son déploiement.  L’ambition du père Chaminade était bien de faire vivre harmonieusement  et de faire collaborer efficacement de personnes aussi éloignées les unes des autres par leur culture, leur éducation, le milieu d’origine. Cette diversité de dons est notre grande richesse. L’harmonisation au service de l’Évangile  dans le respect mutuel,  est le grand défi que nous avons à relever.

6.3. Les exigences de la Famille Marianiste

« Je vous donne un commandement  nouveau : aimez-vous les uns les autres, comme je vous ai aimés » ( Jn 13,34). L’amour fraternel n’est pas seulement « naturel ». Il faut accepter ses exigences si on ne veut pas le réduire un une formule creuse.
a)    La première exigence est une maturité relative  proportionnelle à l’âge, qui se manifeste  par deux attitudes fondamentales.
-         Se connaître et s’accepter soi-même ; s’aimer soi-même avec ses talents et ses manques ; accepter son histoire personnelle et son milieu, ses parents, et l’éducation reçue.
-         Accepter ses frères et sœurs comme différents de soi-même. Cette attitude est faite de respect et de bienveillance et inclut le pardon.  L’acceptation de soi et des autres, vécue en communauté, dans une ambiance participative,  est le meilleur remède pour guérir nos blessures  intérieures.
b)    L’esprit de famille est le contraire de l’égoïsme et demande une grande générosité. Chaque membre de la famille est au service des autres. En retour, il reçoit bien-être et sécurité. Il accepte les responsabilités qui lui sont confiées en esprit de service.
c)     Les relations entre frères et sœurs sont marquées par l’ouverture et le dialogue, une franche collaboration qui permet à chacun de s’appuyer en toute confiance sur les autres.  Une joie partagée, est une joie multipliée ;  une peine partagée est une peine diminuée.
d)     La « fraternité » que nous cherchons à vivre est fondée sur la certitude de foi que nous avons Dieu pour Père. Il n’y a pas de fraternité sans paternité ! Les relations avec le sexe opposé seront empreintes de respect : chaque fille que je rencontre est ma sœur ; chaque garçon, mon frère. L’amour fraternel devient alors l’expression de la charité chrétienne vécue.
Ainsi, la Famille marianiste cherche déjà à réaliser l’idéal de l’Église-Famille. C’est à travers nous que l’Esprit saint communique à toute l’Église ce don précieux. Sommes-nous prêts à relever ce défi ?

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire